Le bouilleur de crû

Une partie du breuvage fruité était gardée pendant quelques mois en fûts. La fermentation aidant, la teneur en alcool augmentait assez rapidement, atteignant 4 à 6 degrés après une courte maturation.

alambic du bouilleur

Passait ensuite le bouilleur de crû qui faisait son oeuvre deux fois l'an : la transformation du cidre original en un calvados particulièrement costaud : 50 degrés, environ.


Dans un désordre apparent, mais savamment géré par le maître de cérémonie, fûts de cidre, d'eau de vie et d'eau de source s'alignent autour de l'alambic. Un peu plus loin, le bois apporté par les "ayants droit" et destiné à faire bouillir le chaudron contenant le cidre (le bouilleur), attend d'être enfourné dans le foyer...



alambic du bouilleur

Cette tradition disparaît petit à petit avec la disparition des "anciens": elle ne peut plus se transmettre de père en fils, règlementation oblige ... Disposant d'un droit de 1000 degrés par an, certains entassent peut-être dans leur cellier des nectars très anciens ...


Heureux ceux qui ont la chance de les découvrir, devant un grand feu de cheminée, à la veillée d'un jour faste où ils sont invités par un maître des lieux en verve, disposé à leur dire les vieilles histoires de "dans le temps" ...


Le véritable calvados fermier risque de n'être bientôt plus qu'un souvenir ...

alambic du bouilleur alambic du bouilleur

2002 : une nouvelle loi abroge dès 2007 tout privilège ayant trait à cette tradition ... Curieuse décision qui supprime certaines traditions (où le dieu "Fric" n'y trouve pas son compte ...) mais en maintient d'autres, tels le droit de tuer lorsqu'il s'agit de chasse. Il est vrai que deux ou trois multinationales fabriquant des engins de mort sont plus respectables, pour certains, que quelques centaines d'artisans perdant un métier ... Il est tout aussi vrai que quelques dizaines de milliers de tueurs imbéciles manifestant dans les rues ont plus de poids politique que les "anciens", véritables gardiens des traditions !


Pour "adoucir" cette décision, tout citoyen pouvant attester de la propriété d'un arbre fruitier peut obtenir un "droit" de distillation ...

Moyennant demande d'autorisation en mairie et à la condition de s'acquitter d'une taxe (75 euros en 2004), ce droit lui permettra de charger l'artisan de transformer son jus préalablement fermenté en mille degrés d'alcool parfumé.


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