Du cap Frehel vers le bourg de Pléhérel
Vous pourrez aussi aboutir, après avoir contourné criques et pointes, plages et failles multiples, au vieux bourg de Pléhérel. Celui-ci tire probablement son nom d'Hirel, son "saint" fondateur alors que l'origine du premier viendrait des mots bretons "fré" signifiant "courant" et "hel" désignant "haut", la contraction Fréhel traduisant un "haut courant", par extension "fort courant", caractéristique des côtes sauvages qui la bordent.
Pléhérel est un des deux berceaux de la commune de Fréhel, entité éphémère qui a donné son nom au Cap qui en constitue le patrimoine naturel le plus remarquable. Cette dernière vit le jour le 29 décembre 1972 par la fusion de Pléhérel avec sa voisine Plévenon. Des querelles de village ne permettront pas aux deux communautés de vivre bien longtemps en harmonie et elles se sépareront pour reprendre une destinée indépendante à partir du 24 septembre 2004.* Le bourg côtier verra son centre administratif migrer à l'intérieur des terres à partir de 1870 et se verra dès lors affubler du nom de "Vieux Bourg".
Celui-ci est prolongé par une chapelle Saint-Sébastien, de style gothique, construite en 1536, dont l'entrée tourne le dos au Cap. Ornée de deux clochetons à ciel ouvert, elle a été remaniée au cours des siècles, perdant son porche d'entrée et voyant l'enclos paroissial transformé en pelouse rase et le plus souvent déserte. L'édifice n'est, en effet, que rarement ouvert, ayant perdu l'essentiel de sa vocation originelle.
La belle plage qu'il domine à l'extrémité de l'anse du Croc est protégée à l'Ouest par la Pointe aux Chèvres.
Envahie de vacanciers en été, elle est malheureusement partiellement entourée d'un village de tentes trop voyant, gâchant ainsi un superbe paysage. Ce village de toile et de plastique est l'un des plus grands d'Europe.
Non loin de là, parmi les anciennes maisons qui abritaient par le passé une population de pêcheurs et agriculteurs, subsiste un autre lieu de culte, érigé au 14ème et agrandi au 15ème siècle : la chapelle dite du Vieux Bourg.
Vous préférez poursuivre dans l'autre sens ? La route sera plus longue mais le sentier longeant la falaise plus ombragé ...
Après un dernier regard derrière vous, vers le phare se profilant dans le ciel, vous vous dirigerez alors vers le Fort La Latte.
En passant une nouvelle fois devant la Grande Fauconnière, les oiseaux tourbillonnant dans le ciel vous empliront les oreilles de leurs appels résonnant dans les rochers.
Revenu ici, vous entrez à nouveau dans le pays de Plévenon qui est l'écrin de ces deux merveilles que sont le Cap et le Fort. Il est aussi, selon les vieilles histoires qui courent dans la région, le lieu de naissance de Gargantua, figure mythique des côtes d'Armorique. Issu d'un couple de nains très laids par la volonté d'une fée, pesant déjà 100 kg à l'âge de six mois, ce géant aura laissé un doigt, toujours dressé, sur la lande menant au fort La Latte et formé le Cap lui-même : irrité par un caillou qui s'était glissé dans un de ses sabots, il balança celui-ci sur la grève, formant ainsi un amas de rochers qui deviendra l'une des plus belles pointes rocheuses au monde. Lorsqu'il quittera son pays natal, il laissera ses sabots sur place ; les habitants du village les débiteront en pièces de bois qui les chaufferont pendant trente années !
C'est du moins ce que dit la légende ...
Après une telle randonnée, vous méritez une bonne nuit de repos ... Profitez-en : nous repartons demain, toujours vers l'Ouest, à la découverte des Sables d'Or !
* Cette querelle ne s'est pas éteinte et les élus locaux de Plévenon ont saisi le Conseil d'Etat en 2007 pour exiger non seulement le changement du nom de leur village mais aussi celui de Fréhel ! En cause : les enjeux touristiques liés au nom du Cap, associé à celui de la commune qui porte son nom. Le ridicule ne tue pas, heureusement, sans quoi les élus de Plévenon auraient du souci à se faire ...
