Saint-Briac-sur-Mer et son histoire

Il en est sans doute le représentant le plus remarquable, si ce n'est le plus remarqué.

château du Nessay, Saint-Briac-sur-Mer

Le château du Nessay est construit sur l'emplacement d'un château fort dont l'origine remonte au 12ème siècle mais dont il ne subsiste qu'une chapelle. A cette époque, elle était un corps de garde ; pendant la Révolution, elle sera une prison. Ce domaine avait pour nom celui sous lequel ce lieu était désigné alors : La Houle. Cet édifice, dans l'enceinte duquel se trouvaient les potences de justice, fut détruit vers le milieu du 17ème siècle, les anciens seigneurs étant déchus de leurs prérogatives, en 1656, au profit de la seigneurie de Pontbriand. Le château actuel sera érigé en 1886, par le comte de Villeurbreune.

Saint-Briac-sur-mer fut fondée par un saint Irlandais, nommé Briac, arrivé sur les côtes d'Armorique vers l'an 548. Il a également laissé son empreinte dans une autre commune des Côtes d'Armor, Bourbriac, qui abrite d'ailleurs son tombeau. Le berceau du village se situe au quartier dit "de La Chapelle", où débarqua, selon la légende, Briac et ses compagnons. Ils y érigèrent une chapelle, autour de laquelle existera un cimetière. Il ne reste rien de ces lieux si ce n'est une croix dite de Saint-Pabu, compagnon de Briac, qui voudrait en perpétuer le souvenir. A quelques pas de là, la plage du Béchet, nommée autrefois "havre du Béchet", sera longtemps le port d'échouage des bateaux débarquant leurs cargaisons. Elle servira aussi d'aire de chantier naval rudimentaire où l'on calfatait et carénait les embarcations.

clocher de l'église de Saint-Briac-sur-Mer

Le coeur du village se déplacera toutefois plus tard, suivant en cela l'aménagement d'un nouveau petit port, plus haut sur les rives du Frémur. Une cale aménagée dans une anfractuosité de la falaise sera le lien maritime d'un nouveau centre urbain construit sur les hauteurs, non loin de là. Au centre de celui-ci, une église sera bâtie, en 1671. Le port verra son activité décliner progressivement, les bateaux de pêche et les caboteurs disparaissant pour laisser la place aux bateaux de plaisance qui, aujourd'hui, ont envahi l'estuaire. Avec l'avènement du tourisme côtier, les modestes installations portuaires seront comblées et définitivement oubliées sous le béton d'un nouvel ouvrage : la Corniche d'Emeraude, boulevard longeant le Frémur pour le traverser, un peu plus loin, en direction de Lancieux.

L'église actuelle fut construite à la fin du 19ème siècle (1870-1875) sur l'emplacement de l'ancien lieu de culte. Seul le clocher primitif fut préservé et coiffe toujours un édifice de style roman. Le village s'est édifié autour de ces murs, jusqu'à les étouffer : nulle perspective n'y a été aménagée pour le mettre en valeur et les maisons s'y sont pressées presque jusqu'à ses pieds. Bordant des ruelles étroites où le soleil a du mal à les réchauffer, les anciennes demeures ont abrité, autrefois, les marins et les capitaines qui ont fait la renommée de la cité, à l'époque où il y existait encore une école de marine.

Il y a bien plus longtemps, au néolithique sans doute, peut-être même avant cette époque, nos ancêtres avaient apprécié cet endroit.

coucher de soleil à Saint-Briac-sur-Mer

En auraient-ils fait un site dédié à quelque croyance ? Les anciennes pierres qui en témoignaient ont perdu leur aspect d'antan, utilisées à d'autres fins. Il en est ainsi d'un ancien dolmen, morcelé vers 1850, dont une partie a servi à l'enrochement de la Croix des Marins, calvaire de granit bordant le Boulevard de la Mer, non loin de la rive qui abritait l'ancien port. Ce dolmen était le point de départ d'un alignement mégalithique aboutissant aux limites de la plage de la Garde Guerin et dont la longueur atteignait presque mille brasses.

Sans doute n'en verrez-vous rien, cet ouvrage antique s'étant perdu dans l'anonymat de roches disséminées.

coucher de soleil à Saint-Briac-sur-Mer

Peut-être aurez-vous l'impression que le patrimoine architectural de Saint-Briac n'a pas la richesse et la diversité des autres communes du littoral des côtes d'Armorique. Il est vrai que, pour aller à sa rencontre, vous devrez quitter le chemin des douaniers pour pénétrer dans les terres. Vous y découvrirez alors les vestiges de quelques moulins à vent, Pierre Allée, la Marche et la Tourelle, mais aussi un ouvrage plus significatif, témoin d'une histoire riche en évènements : le moulin de Rochegoude. En remontant les rives du Frémur au delà du pont qui l'enjambe dans le prolongement du "Balcon d'Emeraude", vous aboutirez après la Roche Mainguy à une petite plage : celle de la Ville Etoire. Plus loin encore, en remontant les vasières de l'estuaire, entrecoupées de ruisseaux formés par le passage des eaux d'une rivière canalisée en amont par un barrage, la vallée peu profonde rétrécit un peu. Ce large goulet a permis la construction d'un ouvrage comme il en reste peu en bord de mer : un moulin à marée.

Le moulin de Rochegoude a été construit à l'instigation d'un avocat de Saint-Malo, nommé Recource.

moulin de Rochegoude, Saint-Briac-sur-Mer

Au début du 17ème siècle, déjà, une digue avait été construite (au lieu-dit Pontbriand) afin de gagner des terres de culture après assèchement du lit de l'estuaire. La partie située en aval de cet ouvrage fut concédée en 1772 à l'avocat afin d'y pratiquer les mêmes travaux. Pour rentabiliser davantage cette concession royale, Recource y fit construire le moulin. La digue cèdera quelques années plus tard, sous la force des courants remontant dans les terres, et son propriétaire revendra la concession, faute de moyens pour le remettre en état. Le moulin tournera à nouveau à partir de 1800, après réparation des dégâts, verra ses bâtiments remaniés au cours du 19ème siècle puis la digue cèdera une nouvelle fois en 1929. Entretemps, son exploitation aura été assurée par plusieurs minotiers successifs.

moulin de Rochegoude, Saint-Briac-sur-Mer

Pendant le dernier conflit mondial, l'occupant allemand rétablira un barrage, mais pour des raisons différentes, s'abstenant de prévoir les noques nécessaires à la circulation des eaux. Le dernier minotier, Cocheril, remettra l'ouvrage en état après le retrait des troupes et le fera tourner jusqu' aux années 60 du 20ème siècle.

Racheté en 1962 par un architecte nommé Fontaine qui le transformera en habitation privée, il fera l'objet de batailles juridiques opposant ce dernier à ses voisins. Le nouvel acquéreur s'estimait, en effet, également propriétaire du domaine maritime public, voulant empêcher la libre circulation des amoureux de la nature qui, comme vous, empruntez aujourd'hui cet ancien chemin de ronde. De plaidoiries en arguties, le nouveau propriétaire maintiendra ces droits de propriétés, basées sur un édit (l'édit de moulins) datant de 1566 et une loi de concession d'endiguage remontant à 1807. Malgré la Révolution qui voulait effacer les anciennes féodalités, la notion de droit de biens publics s'effacera devant celle de propriété privée, selon une décision prise, en 1979, par le Conseil d'Etat ... Une coutume qui, pendant de nombreuses années, avait permis aux piétons de traverser ce vaste domaine ouvert afin de se rendre aisément de Lancieux à Saint-Briac fut ainsi battue en brèche par la volonté d'un quidam fortuné ...

chapelle de l'Epine, Saint-Briac-sur-Mer

Vous ne pourrez donc, à partir d'ici, continuer en longeant la rive et les méandres de la rivière et il vous faudra remonter la petite route menant au moulin. Au sommet de la côte, poursuivez à droite ; vous retrouverez, un peu plus loin, le sentier rejoignant la rive qui vous mènera jusqu'au pied de la digue de Pontbriand. Il y a bien longtemps, la mer pouvant remonter jusqu'ici amena les hommes à créer une industrie commune sur nos côtes : un chantier naval. Aujourd'hui, il n'existe plus car la mer ne vient plus, depuis la construction du moulin ...

C'est sans doute sa présence qui fit construire, en 1565, une chapelle aujourd'hui isolée en rase campagne. Remontez dans les terres, vers un minuscule village, La Gautrais : vous la trouverez là, un peu plus loin, au bout d'une allée fleurie, dans un enclos fermé. Notre Dame de l'Epine, c'est son nom, rappelle que nous sommes dans un pays où le mysticisme a été longtemps omniprésent. Construite en 1833, elle est assise sur les fondations de deux ouvrages qui l'ont précédée. Le premier, dédié à Saint-Adam, fut ruiné et remplacé en 1688 par un autre édifice, ruiné à son tour. Elle a conservé une relique : la cloche de la chapelle primitive.

La fin du jour approche et il est temps de redescendre vers la mer : un autre spectacle vous attend !

L'un des atouts de Saint-Briac-sur-Mer, et non des moindres, réside dans la variété des expositions de cette commune. Cette situation permet d'y admirer îles, rochers et criques dans une diversité de couleurs qui atteint son paroxysme à la tombée du jour. A ce moment, la mer reflète tour à tour l'argent et l'or, semblant accueillir en son sein toutes les richesses qu'une nature prodigue lui offre avec générosité.

Les reliefs de la côte se découpent en une multitude de tableaux où le regard se perd, ne sachant où se porter .

coucher de soleil à Saint-Briac-sur-Mer

Et ce n'est pas par hasard qu'elle attire ainsi de nombreux artistes ... Bernard, fondateur de l'école de Pont-Aven, Rivière, Sébillot, Blin, Signac, Nozal ou encore Renoir ne s'y sont pas trompés en séjournant ici afin d'y puiser une inspiration qu'ils projeteront ensuite sur bon nombre de leurs oeuvres ...


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