Binic, cité des embruns

De la dernière falaise de Pordic dominant le Vau Madec, la vue plongeante sur l'anse de Binic est splendide :

anse de Binic

Si vous venez de Pordic par le chemin des douaniers surplombant les falaises, vous aboutirez à la première plage du bourg, bordant une anse abritée au Nord par la jetée de Penthièvre, qui vous fera découvrir un petit port grouillant d'activité. Après avoir traversé le quai des Corsaires, reprenez ensuite le sentier : longeant la côte, après avoir longé les deux autres plages de Binic, vous arriverez ensuite, à la Pointe de Trouquetet. De là, toute la baie de Saint-Brieuc, jusqu'au delà du Cap d'Erquy, offre un panorama grandiose que seule la brume peut parfois estomper ...

Cette coquette station balnéaire était, du début du 17ème siècle jusqu'à la fin de la "grande pêche", au 20ème siècle, un des principaux ports bretons d'où partaient les goëlettes vers les bancs de Terre-Neuve et d'Islande. En 1612, déjà, une douzaine de bateaux participaient à ces campagnes.

Mais le sol de cette charmante station essentiellement tournée vers les plaisirs de la mer a été foulé il y a déjà bien longtemps : les vestiges de quelques mégalithes que l'on trouvait dans les campagnes environnantes démontrent que l'homme préhistorique a occupé les lieux, y laissant des traces datant de 3500 à 1200 ans avant notre ère. Il n'en subsiste pratiquement rien : l'insouciance des anciens pour les souvenirs du passé en ont fait disparaître l'essentiel ...

C'est ainsi que le dolmen surnommé "la Table de Margot" disparut en 1816 ... pour servir de matériau dans la construction des installations portuaires !

La période gallo-romaine fut sans doute à l'origine de l'essor maritime de Binic : une digue de pierres argileuses et de galets fut déjà édifiée pour protéger les bateaux mouillant dans la rade. Elle disparut, au milieu du 17ème siècle, sous les coups de boutoir des marées violentes que subissent les côtes de Bretagne de l'automne à l'hiver. La physionomie actuelle du port date de 1765, année où furent commencés des travaux qui dureront jusqu'en 1855. Le phare en protègera l'accès à partir de 1853. Le bassin à flot vint bien plus tard, en 1892, afin d'accueillir une flotte grandissante, tant pour la pêche que pour le commerce.

le port de Binic

Le développement touristique sera le moteur de la continuité de tels travaux qui se poursuivront jusqu'à la fin du 20ème siècle.

Le port et la plage sont désormais bien protégés de la houle par deux jetées qui en ferment presque entièrement l'accès. Il est un des multiples rendez-vous des passionnés de la voile des côtes du nord de la Bretagne.

C'est au coucher du soleil, à l'étale de la marée haute, qu'il offre une vision romantique où la pensée vagabonde du nostalgique des histoires "d'avant" pourra laisser libre cours à sa fantaisie ...

Au Moyen Age, Binic est un petit centre économique où artisans et paysans se rencontrent au coeur d'un hameau comptant alors une vingtaine d'habitations. Faisant à cette époque partie d'Etables-sur-Mer, le village se développe puis devient commune indépendante en 1821, abritant désormais plus de 1600 âmes.

le port de Binic

Il deviendra dès 1845 le premier port français armant pour la Grande Pêche : à cette époque, 1800 marins embarquaient à bord des voiliers mouillant devant la cité ! Les imposants Trois Mâts des campagnes de Terre Neuve laissèrent plus tard la place aux goëlettes sillonnant les bancs au large de l'Islande, pour disparaître au début du 20ème siècle.

le port de Binic

Elle n'étaient déjà plus que 18 en 1865 et en 1913, il ne restait guère que 5 unités inscrites au rôle. Cette grande mais courte épopée s'achevant avec l'avènement des bateaux à moteur, les marins de Binic se spécialisèrent dans la pêche à la coquille qui, aujourd'hui encore, constitue l'essentiel des ressources maritimes.

A l'embouchure de la rivière Ic, dont elle a pris le nom, cette petite ville possède un surnom : Cité des Embruns. Elle est désormais devenue une cité résolument tournée vers le tourisme et ne s'éveille pratiquement plus que lors des exodes massifs des vacanciers

Hors les beaux jours, elle est d'un calme qu'apprécient les anciens et les résidents.

Las ! La culture et l'élevage intensifs prônés par des pouvoirs locaux généralement à la merci de ses acteurs principaux, agricultueurs et éleveurs, ont ici aussi laissé s'installer une lente mais durable destruction du milieu, depuis la deuxième moitié du 20ème siècle !

Dès les premières chaleurs du printemps et l'apparition d'un soleil généreux, les plages se couvrent d'un tapis d'algues vertes dont les effluves odorantes se répandent tout au long de la côte.

plage de Binic

Comme dans toute la baie de Saint-Brieuc, les engins mécaniques sillonneront alors les grèves pour nettoyer les espaces qu'occuperont bientôt les estivants.

Là bas, au bout de la plage, reprenez le sentier des douaniers, il vous mènera à Etables-sur-Mer !


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