L'archipel de Bréhat

Iles aux fleurs est certainement le surnom qui sied le mieux à ce bijou blotti au milieu d'un écrin de rochers roses et d'une mer d'un bleu profond, composé de deux îles principales, reliées au 18ème siècle par un pont construit sous les ordres de Vauban, entourées de 86 îlots et récifs.

Bréhat

Bréhat a été fondé au 5ème siècle par Budoc qui, comme tant d'autres, fuyait les pillards ravageant la Grande-Bretagne. D'autres moines l'y rejoignirent et, jusqu'au 6ème siècle, les îles furent un centre de formation religieux important, recevant sur l'île Lavret, dans le premier monastère-université d'Armorique, bon nombre de prêtres qui allèrent ensuite évangéliser les côtes du Nord de la Bretagne. Jacut et Guthenoc y trouvèrent la connaissance enseignée par la théologie, l'astronomie, les lettres et même, paraît-il, la musique. Ils furent ainsi parmi les nombreux saints qui fondirent une grande partie des paroisses d'Armorique.

L'histoire de l'archipel ne fut pas faite que de jours paisibles et le 15ème et 16ème siècle en firent le théâtre de farouches combats où tour à tour anglais puis espagnols la ravagèrent. Les décades héroïques de la fin du 18ème au début du 19ème siècle, où corsaires mais également pirates et contrebandiers hantaient les mers séparant l'Angleterre et la France, apportèrent un renom certain aux marins de l'île, connus alors pour leur bravoure.

Bréhat fut toujours, par la force des choses, tournée vers les métiers de la mer et connut l'apogée de son développement économique à l'époque de la Grande Pêche. Après la disparition des voiliers qui en firent la réputation, elle s'endormit petit à petit dans une torpeur toute méditerranéenne.

Bréhat

Le climat était propice à cette destinée ... et le visiteur en ressent l'atmosphère et la nature : ce n'est pas par hasard qu'elle s'appelle l'île aux fleurs ! Une flore composée de mimosas, myrtes, figuiers, amandiers et autres eucalyptus entrecoupés de landes couvertes de bruyères et parsemées de rochers roses, roussies par les vents du large y provoquent des contrastes étonnants. Ceux-ci marquent encore davantage la différence entre l'île Nord et l'île Sud. La première, balayée par les tempêtes et bordée d'une mer aux courants très violents, offre un aspect presque désertique tandis que la seconde se veut un jardin d'Eden. Des villas contemporaines s'y mêlent aux anciennes petites maisons basses au toit de chaume, aboutissant par d'étroits chemins aux multiples petites criques qui ceinturent l'île. Sur un tertre granitique de 26 mètres de haut, la chapelle Saint-Michel érigée au 18ème siècle est au centre d'un panorama qui embrasse presque l'ensemble de l'archipel.

Quelques vestiges gallo-romains, les ruines du monastère de Saint-Budoc, des Cordeliers et de Récollets, le moulin de Birlot, ancien moulin à marée entièrement restauré, l'église N.D. de Bonne Nouvelle dont les premières pierres ont été posées au 15ème siècle et les vestiges de l'ancienne citadelle bâtie de 1860 à 1862 sont autant de témoins d'un passé qui rappellent que Bréhat fut tour à tour une petite cité paisible mais aussi un site convoité. A marée basse, on peut encore apercevoir ce qui reste des anciennes pêcheries que les moines exploitaient pour nourrir la communauté.

Bréhat

C'est obligatoirement par le bateau que vous la visiterez : les plus grandes marées ne permettent pas son accès à pied sec ; c'est sans doute toujours par le même moyen de locomotion que vous pourrez en admirer toute la beauté et la diversité, en faisant le tour de son domaine.

Le calme et la préservation d'une nature presque intacte, l'absence de véhicules à moteur (sauf un tracteur), sont tels que de nombreux oiseaux y trouvent refuge et l'on peut notamment y observer quelques nichées de Fous de Bassan.

Poussez donc une pointe vers le "paon de Bréhat", pièce de granit surplombant un gouffre où il vaut mieux ne pas s'aventurer ; peut-être y entendrez-vous l'écho de cette légende, une de plus, attachée à la volonté d'union matrimoniale qui caractérise bon nombre d'histoires dans le pays d'Armorique. On dit en effet que les jeunes gens espérant se marier dans l'année venaient lancer un caillou dans l'interstice du rocher : s'il atteignait l'eau sans ricocher, leur désir serait exaucé. Si par malheur il touchait la paroi, la cérémonie serait autant de fois retardée que le nombre de chocs provoqués par le projectile...


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