Lézardrieux

En passant le pont qui enjambe le Trieux, vous entrez maintenant dans le pays de Tregor.

Lézardrieux en est la première étape.

L'origine de son nom provient de sa situation : en vieux breton, Léh ar Tréon signifiant "lieu du Trieux". Elle deviendra Lézardréon (en breton) au 16ème siècle, lorsqu'elle perdra son indépendance, pour devenir Lézardrieux dans le langage français courant.

estuaire du Trieux vers Lézardrieux


La longue marche que vous permet le chemin des douaniers sur la côte Est bordant la rivière vous offrira des panoramas sans cesse renouvellés.



Entre deux rives ondoyantes où bois et bosquets cachent les rares habitations, la rivière s'étire paresseusement.

En retrait de la mer mais baignée par les eaux de la Manche, Lézardrieux est perchée en bordure de l'estuaire du Trieux, rivière traversant la ville de Pontrieux et venant de Guingamp. Ses rives verdoyantes, le plus souvent bordées de rochers sur la rive gauche, peuvent vous mener à son embouchure et plus loin vers le sillon de Talbert ou face à Bréhat si vous empruntez la rive droite dont le relief plus adouci vous fera le plus souvent longer la rivière.

estuaire du Trieux de Lézardrieux

Aux portes de la Manche, devant Kermouster à l'Ouest et aux abords de l'allée couverte précédant Loguivy-de-la-Mer à l'Est, la côte déchiquetée et la mer parsemée de rochers et d'îlots se fondent en paysages de toute beauté.

Selon la saison, toutes les nuances du vert, du bleu et du jaune ... mais aussi du gris par mauvais temps, se conjuguent pour former un tableau où la mer, omniprésente, se faufile pour remonter une vallée se scindant au delà du château de La Roche Jagu. Là, en face de Saint-Jean, elle prendra deux noms : le Leff et le Trieux.

A proximité du large mais lovée profondément dans une courbe de l'estuaire, cette petite ville aura souvent suscité l'intérêt des hommes. Accessible à toute heure de la marée, elle permettait le passage de bateaux pouvant remonter loin dans les terres. Le cardinal de Richelieu, au 17ème siècle, son petit neveu Armand, au 18ème siècle et Vauban, également au 17ème siècle, étudièrent à plusieurs reprises la possibilité d'y construire un port de guerre. Ces intentions, sachant que le Trieux fut la seule rivière bretonne où les anglais parvinrent à débarquer lors de la guerre de cent ans, ne furent pas suivies d'effet et Lézardrieux resta un bourg tranquille où seuls les bateaux de commerce et de pêche auront droit de cité. Aujourd'hui, ce sont les plaisanciers qui ont envahi un port en eau profonde qui compte désormais près de 700 anneaux.

clocher de l'église de Lézardrieux

A l'époque gallo-romaine, déjà, ces terres furent occupées par quelques communautés qui n'ont laissé que fort peu de traces, monnaies et débris de poteries. Si vous montez à Castel Yar en Lanmodez, vous pourrez sans doute deviner une pointe ayant l'aspect d'un ancien éperon barré. Sur les hauteurs de la baie de Saint-Oudelin, à Castel an Hiar, il subsiste aussi quelques substructions que seul un observateur avisé pourra dénicher ...

L'église Saint-Jean-Baptiste vit ses premières pierres scellées vers 1580. Remaniée de 1749 à 1758, elle sera alors dotée d'un clocher à deux tourelles typique de la région.

Le pont par lequel vous êtes arrivés en venant de Kergrist fut construit de 1924 à 1926. Il comporta une voie de chemin de fer qui servit jusqu'en 1950 et dont les rails seront ôtés en 1972 au profit d'un élargissement carrossable. Il n'est toutefois pas le premier ouvrage du genre a avoir relié le Goélo au Trégor : il fait suite à un pont suspendu, à tablier en bois, dont les travaux débuteront en 1836 pour s'achever en 1840. D'une longueur totale de 234 mètres, surplombant la rivière de telle sorte que des navires jaugeant jusqu'à 100 tonneaux pouvaient circuler, il fera l'objet d'un péage jusqu'en 1866. Ne répondant plus aux nécessités de l'époque, il aura un successeur dont l'érection connaîtra bien des vicissitudes : les fondations commencées en 1913, l'arrêt des travaux en 1915 et l'écroulement partiel de traverses en 1917 en raison d'un entretien insuffisant amèneront les ingénieurs à revoir entièrement ce projet. C'est ainsi que naquit le pont actuel, qui échappa de justesse à la destruction à la fin de la guerre de 1940 : ceinturé de plusieurs tonnes d'explosifs, ses défenseurs n'auront pas le temps de le faire sauter.

Trieux à Lézardrieux

Ces différents ouvrages permirent de mettre fin à une traversée du Trieux pouvant être périlleuse, un bac dépendant d'un passeur qui, pour quelques pièces de plus, autorisait parfois une surcharge dangereuse.

Il existe deux chapelles, de part et d'autre de la rivière. L'une est dédiée à Saint-Christophe, en Lézardrieux, l'autre, dont il ne reste aujourd'hui que des ruines, à Saint-Julien, en Kergrist. Selon les croyances locales, ne possédant pas d'embarcation, les deux saints passaient les voyageurs en les portant sur le dos.

Kermaria, Kermouster, Notre-Dame des Fontaines et Fantan-Itron sont les autres chapelles essaimées sur le territoire de Lézardrieux. Cette dernière, plantée dans les terres, est flanquée de deux fontaines dont la première, à gauche, est l'objet d'une autre croyance. Selon la légende, on y faisait circuler les jeunes enfants afin qu'ils apprennent à marcher ...

Un four à pain à Kermenguy (milieu du 18ème siècle), la fontaine de Kervoas (1739), la croix de Kerdavid (du 18ème siècle) ou le manoir de Traou-Bihan du 17ème siècle (mais propriété privée) sont d'autres témoins de l'histoire de la petite ville. L'antique château de Lézardré a presqu'entièrement disparu : construit à Ar Hastel, il n'en subsiste que quelques pierres envahies par les herbes folles ...


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