Plestin-les-Grèves

Selon que la marée sera basse ou haute, vous choisirez la grève, dite Grève de Saint-Michel, ou la route qui la longe et qui est en même temps le prolongement du chemin de randonnée qui aura été le fil conducteur de votre périple. La croix se dressant au milieu de l'immense plage, justement nommée "Croix de Mi-lieue" abattue en 1944, retrouvée puis replantée en mai 1993 aux abords de ce qui était le seul passage possible, il y a bien longtemps, pour rejoindre Saint-Efflam, sera votre point de repère pour aboutir au pied du "Grand Rocher". Timide avancée granitique vers la mer, il se veut la frontière du territoire de Plestin par le lit du Yar, ce ruisseau qui en a marqué l'histoire.

château manoir de Leslac'h, Plestin-les-Grèveschâteau manoir de Leslac'h, Plestin-les-Grèves

Si le coeur vous en dit, avant de poursuivre le long de la côte, suivez-en les méandres sur quelques centaines de mètres : vous découvrirez alors une ancienne demeure : le manoir de Leslac'h, souvent nommé "château".

Cette bâtisse dont l'architecture a été marquée par diverses périodes de l'histoire, était à l'origine une gentilhommière dont les premières pierres seront scellées au 15ème siècle à l'initiative de la famille Le Splan. Il faudra plus de cent ans pour qu'elle présente son aspect général actuel, fermée par une enceinte dont l'entrée principale sera tardivement ornée d'un balcon. Entretemps, le "rustique breton" se mêlera au classique roman, arborant ensuite une influence marquée par Beaumanoir, surtout visible sur la façade du corps de logis.

Le Leslac'h sera confisqué par la Révolution et transformé en simple ferme pendant plusieurs décennies puis reprendra une destinée nobiliaire au 19ème siècle. Le baron Pierre Etienne Albert de Schonen l'acquerra et le fera restaurer en 1900. Il deviendra ainsi la demeure de prestige d'une famille dont les générations se succèdent depuis lors, à l'abri des hauts murs.

Le Yar et le Lancarré, lèchant de part et d'autre la base du Grand Rocher, seront les frontières marquant le berceau de Plestin-les-Grèves. D'autres parties de ses terres seront toutefois foulées et habitées bien plus tôt par des ancêtres celtes dont les traces remontent à l'âge du bronze. Mais avant cette époque, déjà, des hommes préhistoriques avaient abandonné ici et là des pierres dont ils se servaient : outils de silex parmi les plus petites, mégalithes parmi les plus monumentales. L'empire romain laissera derrière lui une empreinte plus forte, dont une bonne partie a toutefois disparu sous les sables de la baie.

église de Plestin-les-Grèves

Ici, la première église de Plestin verra le jour, sans doute au 10ème siècle, non loin d'une très ancienne voie de communication dont la diversité des noms laisse entrevoir un brassage de populations important. Cette église se dressera sur les fondations d'un fanum gallo-romain, fondée par les successeurs des premières vagues d'émigration bretonne des 5ème et 6ème siècle. Elle accèdera au rang de paroisse indépendante dès 1330.

clocher de l'église de Plestin-les-Grèves

Beaucoup plus modeste que celle qui domine désormais le bourg de Plestin, plus à l'ouest, à l'intérieur des terres, ses pierres disparaîtront progressivement au profit d'autres constructions et seule la tradition orale en garde encore des bribes de souvenir ...

L'église actuelle, qui a pris le nom de Saint-Efflam, fut fondée au 15ème siècle et subira de nombreux remaniements jusqu'au 19ème siècle, essentiellement voués à accueillir un nombre grandissant de fidèles. Le développement important de la population transformera l'édifice au point que l'enclos qui abritait l'antique cimetière disparaîtra au milieu du 19ème siècle pour ne laisser qu'un lieu de culte imposant, à peine dégagé par un parvis ouvert sur pas moins de quatre porches. Le plus imposant, datant du 16ème siècle, précède l'entrée sous une voûte bordée des statues des apôtres dont les traits furent sculptés vers 1630. A l'intérieur, le tombeau de Saint-Efflam est désormais couvert d'un gisant en grand apparat, taillé dans le granit au 16ème siècle.

Plestin-les-Grèves devient commune indépendante en 1790, élisant sa première municipalité le 6 février 1791.


Le Grand Rocher vit aborder, au 5ème siècle, celui que la population tiendra pour fondateur de cette commune : un prince irlandais du nom d'Efflam. C'est toutefois Jestin, un ermite voué à l'évangélisation de la région, qui sera à l'origine du nom d'un village connu alors sous le vocable de Plou Jestin. Il accueillera Efflam, lui offrant le gîte en son oratoire qu'il avait élevé sur le plateau prolongeant Roc'h Hirglas, le Grand Rocher. Ils poursuivront cette mission ensemble et construiront un monastère dont la chapelle abritera le tombeau d'Efflam, mort en 512. Ce dernier fut d'abord transféré, en 994, sous la nef d'une première église aujourd'hui disparue puis dans l'actuel lieu de culte dominant le bourg. Saint-Efflam laissera toutefois, lui aussi, son nom sur la terre qu'il aborda en compagnie de sept autres saints : le village côtier que vous traverserez en suivant le chemin menant à la Pointe de l'Armorique.

C'est, du moins, ce que racontent les légendes circulant dans la région ...

Il est d'autres histoires, le plus souvent chargées de violences, qui circulaient, en des temps reculés, de Saint-Michel au Grand Rocher, sur les périls d'une traversée soumise aux aléas des marées ... et de bandits de grand chemin. C'est ainsi que ce promontoire culminant à 84 mètres au dessus des flots se vit parfois attribuer le nom de Roc'h Ar Laz, la "Roche du Meurtre" ...

plage de Plestin-les-Grèves

Ultime relief granitique des côtes d'Armor, la Pointe de l'Armorique a pris le nom du pays qui l'abrite et garde jalousement la passe du ruisseau qui en constitue la frontière : le Douron.

De Beg Douar qui protège le port de plaisance jusqu'aux Rochers d'Argent qui ouvrent le petit estuaire sur la mer, le chemin des douaniers épouse les replis de vertes falaises abritant de petites plages. Il prend alors le nom évocateur de "sentier de la Corniche", offrant des vues en enfilade sur les côtes allant de la Pointe de Locquirec aux îles mouillant au large de Trebeurden.

Dans ses derniers détours, les pins maritimes cacheront encore, presque jusqu'à les toucher, les ruines d'un édifice unique sur les côtes du nord de l'Armorique : les thermes du Hogolo


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