En venant de Tregastel, vous aurez laissé derrière vous la Grève Rose, sa dernière plage, barrant à marée basse le Golven, petit bras de mer tentant de s'enfoncer un moment dans les terres. Ici, en suivant le sentier qui longe les landes de Bringwiller, vous entrez dans le territoire de Pleumeur-Bodou.
La grande plage de sable qui les prolonge s'arrêtera brusquement à la Pointe de Landrellec qui abrite le petit port du même nom. Au détour de celle-ci, où, il y a bien longtemps un de nos ancêtres celtes, bouilleur de sel, avait établi son atelier, vous embrasserez d'un regard la grève immense qui constitue la côte de cette commune, jusqu'à son prolongement marin, l'Ile Grande. Selon que vous y passiez à marée haute ou à marée basse, le paysage sera totalement différent : lorsqu'elles s'y étalent, les eaux de la manche paraissent couvrir définitivement son domaine et lorsqu'elles se retirent l'impression d'une étendue désertique parsemée de cailloux et de rochers est étonnante.
Et pourtant, cette terre et sa côte s'étendant sur 17 kilomètres ont attiré certains de nos ancêtres, comme dans les autres villages de la région. Les pierres levées ou couchées en attestent, comme ce qui reste de l'allée couverte de Keryvon que vous croiserez plus loin, presqu'entièrement écroulée au bord de la route. Datant de 2500 ans avant notre ère, malgré son état d'abandon, elle attire encore le regard des touristes ... et même leurs "drôles de machines" à moteur : l'une d'entre elles tentera de s'y engouffrer en juillet 2003 ... tuant ainsi son conducteur.
Arrivé dans ces parages, plutôt que de poursuivre le sentier longeant le littoral, remontez vers les terres. Non loin de la côte, nos ancêtres ont également laissé un monument de granit, dressé, celui-ci : le menhir de Saint-Uzec. Imposant par la taille, six mètres de hauteur, étonnant par l'aspect, il trône au centre d'un enclos situé au bord du chemin menant à la chapelle du même nom.
Datant lui aussi de la même époque que celui de Keryvon, ce mégalithe "christianisé" fut sculpté en son sommet de motifs mythiques religieux à partir de 1674 transformant un édifice druidique en une sorte de chapelle destinée à de nouvelles pratiques dévotes. Il fut également peint de tels motifs jusqu'au 18ème siècle mais seuls les coups de burins ayant profondément taillé le granit demeurent aujourd'hui visibles.
D'autres menhirs dont l'édification s'étale de 3000 à 2300 avant notre ère se dressent encore sur ces terres riches en mégalithes, dans le hameau de Saint-Samson (également "christianisé", de plus petite taille). dans les landes de Milin ar Lann, non loin de Trébeurden mais aussi dans les plaines menant au domaine maritime de Pleumeur-Bodou : Ile-Grande.