Kermaria an Isquit en Plouha

Kermaria est un petit village de Plouha, situé à quelques lieues à l'intérieur des terres.

Il est essentiellement connu par sa chapelle, un monument à la taille d'une église, dont l'origine remonte au 13ème siècle. Henri d'Avaugour, fondateur du couvent des Cordeliers à Dinan, fut l'instigateur de l'édification de cette chapelle.

chapelle de Kermaria-an-Isquit

Située sur la route menant à Pléhédel, elle a subi de nombreuses modifications au cours de son existence. Elle se dévoile au sud par un porche datant du 14ème siècle dont les voütes sont ornées de peintures du 15ème siècle et l'accès bordé des statues polychromes des apôtres. Transformée au 15ème siècle, elle se vit enrichir d'une tour et du choeur entre le 17ème et le 18ème siècle.

Il y subsiste l'essentiel de son architecture dont la salle de justice et le balcon d'où les sentences étaient proclamées.


Devant l'édifice, un calvaire tout en simplicité s'étire sur un socle massif qui servit parfois d'oratoire.

L'élément artistique principal de cette chapelle consiste en une des rares fresques murales bretonnes, datant du 15ème siècle (1488-1501) et représentant une Danse Macabre : 47 tableaux relatant une légende où seuls deux amants semblent avoir échappé à la mort ... Chacun de ces tableaux représente autant de personnages se tenant par la main, couvrant ainsi les deux côtés de la nef pour constituer une allégorie de multiples légendes et croyances comme seule la Bretagne peut en compter.

porche de la chapelle de Kermaria-an-Isquitporche de la chapelle de Kermaria-an-Isquit

Servant de nécropole, comme bon nombre d'édifices religieux, la chapelle abrite plusieurs pierres tombales du 14ème et 15ème siècle, encastrées dans son dallage.

Un souterrain construit dans le caveau de la chapelle était destiné à assurer la fuite des seigneurs locaux en cas de conflit. Impraticable depuis bien longtemps, il aboutissait en plein champ, plus loin vers la côte ... A quelques pas de là, devant un ancien lavoir ne servant désormais plus que de pièce d'eau, deux fontaines permettaient aux fidèles de se désaltérer. Leur eau, comme celle de la plupart des fontaines de Bretagne, n'est désormais plus potable, polluée par les empoisonneurs du pays, éleveurs et agricultueurs.

chapelle de Kermaria-an-Isquit

C'est toutefois grâce à l'action de ces derniers, provoquée par leur attachement à la religion que la chapelle de Kermaria est encore debout. C'est au milieu du 19ème siècle qu'elle faillit disparaître en raison de la mégalomanie d'un curé, le chanoine Perro. Ce dernier, pour qui son église devait être la plus belle et la plus haute, avait obtenu l'autorisation de démolition et de récupération des matériaux grâce à ... l'inspecteur des Monuments Historiques du département ! Ce sinistre quidam, Gestin de Bourgogne, proposa même au préfet de raser totalement l'édifice au profit de l'église de Plouha. A l'arrivée des ouvriers dévolus à cette destruction, les paysans de Kermaria et des environs les accueillirent avec détermination, armés de fourches et de bâtons. Les démolisseurs ne demandèrent pas leur reste et c'est ainsi que la chapelle de Kermaria an Isquit fut sauvée.


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