Le domaine de Keravel en Plouha

Keravel n'est ni un manoir, ni un château. Cette grande demeure abritait une famille fortunée de la région, les Chauvy. Son entrée monumentale ouvre sur un vaste parc précédé d'une conciergerie cachant une ancienne exploitation agricole devenus aujourd'hui annexes utilitaires.

domaine de Keravel en Plouha

La gentilhommière de Keravel fut édifiée en 1870 sur une terre dont l'aspect était à l'époque très différent de celui que vous verrez aujourd'hui.

Elle était composée de pâturages seulement entrecoupés de quelques buissons, ouverte sur un petit village construit autour de sa chapelle, dédiée à la "Sainte" Trinité.


Cette dernière était déjà construite depuis le milieu du 14ème siècle, sur une butte surplombant le domaine actuel. Située à la limite extérieure de Keravel, à quelques pas d'un ancien lavoir en jouxtant le mur d'enceinte, elle possède un mobilier assez pauvre, si ce n'est un retable du 17ème siècle.

ruines de Keravel en Plouha

Dans son enclos, un calvaire effilé représentant un Christ "aux deux larrons" fut planté à la fin du 20ème siècle. Offert par les descendants des bâtisseurs de Keravel, ce calvaire datant de la deuxième moitié du 15ème siècle avait été sculpté sur ordre d'un seigneur local, Guillaume de Trogoff.

Si Keravel n'est pas un édifice exceptionnel dans son architecture, on ne peut en dire autant du domaine qui l'entoure.

Ses propriétaires successifs avaient le goût du "beau" et l'amour des vieilles pierres.

Au cours des ans, très opportunément, ils firent rapporter de leur emplacement d'origine un certain nombre de monuments ou partie de ceux-ci pour les planter, littéralement, sur leurs terres.


C'est ainsi que cette propriété qui n'était même pas un manoir, qui n'avait d'histoire que celle de la famille qui la fit contruire et ses descendants, se vit charger, au cours des ans, de l'histoire provenant d'autres lieux, ou du moins ce qu'il en restait ...

ruines de Keravel en Plouha

Jusqu'au milieu du 20ème siècle, les vieilles pierres d'Armorique n'avaient souvent d'importance que par l'usage immédiat qu'il pouvait en être fait, du moins aux yeux des "petites gens".
      Si certains lieux, généralement d'origine religieuse, tombaient en désuétude, ils étaient le plus souvent démantelés. Leurs matériaux étaient alors utilisés pour la construction d'autres édifices publics, de maisons, voire tout simplement réduits à l'état de simples cailloux destinés à l'empierrement des chemins.

Il en alla ainsi d'un bon nombre d'édifices qui ont complètement disparu et dont la mémoire ne subsiste que dans certains écrits anciens.

ruines de Keravel en Plouha

Le domaine de Keravel a la particularité, exceptionnelle, d'avoir pu s'enrichir au cours des ans de la récupération d'anciens monuments voués à la destruction.

Dispersés en différents endroits, ils sortent de terre ou s'intègrent dans les vieux murs d'enceinte, comme s'ils avaient toujours été là ! Les plus antiques datent du 11ème siècle et l'origine de certains d'entre eux est encore incertaine de nos jours. Seules d'anciennes représentations peintes ou dessinées ont permis de retrouver l'origine de quelques-unes ces pierres.


Le porche de l'ancienne église de Plouha (ci-dessus) faisait l'objet de l'une de ces peintures.

Racheté en 1985 par un bourguignon en quête d'une affaire, le domaine de Keravel vit basculer sa fonction première, demeure de gens dits "de qualité", en exploitation commerciale à l'usage des touristes aisés. A cette époque, le domaine avait perdu de sa splendeur passée, ses anciens occupants n'ayant plus les moyens d'en assurer l'entretien. Sa restauration progressive prendra de nombreuses années, sous l'impulsion de son nouveau propriétaire.

La gentilhommière est devenue hôtel pour estivants fortunés et une partie du parc ... camping pour moins fortunés. Par définition ouverte au public, cette exploitation aura, au moins, le mérite de vous permettre d'admirer quelques pans d'histoire, même oubliée, du pays de Plouha ...


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