Trebeurden, cité balnéaire

Ce village habituellement paisible en hiver est devenu, comme tant d'autres petits ports de la côte, une des stations balnéaires les plus courues des plaisanciers de la côte Nord de la Bretagne.

baie, plage et port de Trebeurden

Il y a bien longtemps déjà, Trebeurden fut occupé par une population assez importante d'hommes préhistoriques s'établissant durablement en communautés réparties dans toute la région. La pêche et la cueillette seront leurs principales activités sans doute améliorées par des échanges avec d'autres tribus grâce à l'exploitation du sel : les vestiges d'un atelier de bouilleur seront mis à jour à Trozoul.

allée couverte de Prajou Menhir

On trouve en effet sur son sol de nombreux monuments mégalithiques : 2 allées couvertes, 7 menhirs et 1 dolmen font de Trébeurden une des communes les plus remarquables dans ce domaine. Le "Champ du Menhir", qui en est le plus spectaculaire, marque l'entrée de ce territoire en venant de Pleumeur-Bodou et Ile-Grande. Cette "Allée de Prajoù-Menhir", longue de 14,50 mètres et couverte de 7 dalles, comporte un certain nombre de pierres gravées dont la signification reste aujourd'hui toujours inconnue.

Les descendants des hommes qui les auront façonnés verront leur destinée influencée par l'arrivée d'une nouvelle civilisation : la gallo-romaine. Même si nulle trace n'est demeurée de cette époque, elle marque un tournant dans l'histoire de la région par l'arrivée des cousins bretons, largement encouragée par l'occupant romain.

Le christianisme s'installant grâce à cette émigration dès le 5ème siècle, principalement d'origine galloise, quelques monuments religieux, tels des croix, essaimeront les villages qui se créeront progressivement.

plage de Tresmeur, Trébeurden

Préden, moine auquel on doit l'origine du nom de Trébeurden fut l'un des premiers immigrants, en compagnie de Milliau qui a donné son nom à l'île prolongeant un éboulis de roches dénommé le "Castel".

Plus tard, les populations se verront agresser à plusieurs reprises par des hordes de pillards normands qui écumeront les côtes bretonnes jusqu'au 10ème siècle.

Le village se fera ensuite oublier pendant quelques décades, s'installant dans une certaine torpeur où de petites communautés de pêcheurs et agriculteurs se cotoyaient paisiblement.

Le Moyen-Age verra l'émergence de seigneuries nouvelles, amenant ainsi à la scission de l'ancienne paroisse de Pleumeur-Bodou en plusieurs entités distinctes, telle celle de Trébeurden. Elle deviendra paroisse indépendante à partir de 1268. Une demi douzaine de nobles se partageront ses terres mais ne laisseront, eux aussi, que peu de traces de leur séjour : les manoirs de Trovern (dont l'érection originale remonte au 17ème siècle mais qui sera entièrement rebâti au 19ème siècle) et de Kerariou (édifié dès le 12ème siècle mais dont les murs actuels datent principalement du 17ème siècle) en sont les rares témoins. La pêche deviendra une seconde ressource amenant la construction d'un petit port au 14ème siècle. Les vestiges de quelques moulins à vent et à eau et un habitat datant, pour l'essentiel, du 16ème au 17ème siècle attestent toutefois d'un développement surtout tourné vers l'exploitation agricole.

Ker Nelly, Trébeurden

Ker Nelly, qui domine le rivage parmi d'autres demeures plus modestes, viendra bien plus tard, au 19ème siècle, mais ce château ne vit jamais de seigneur. Cette époque étant révolue, l'avènement du tourisme était en route et les gens fortunés battaient à leur tour les campagnes, en quête d'endroits idylliques pour y installer leur seconde résidence. Cette demeure prestigieuse est le fruit d'un caprice de milliardaire, un maître de forges ardennais qui en fera poser la première pierre en 1890. Deux tourelles et un cloître à l'identique de celui de la cathédrale de Tréguier, sont les caractères dominants d'une demeure qui sera agrandie jusqu'en 1905.

Les vieilles pierres n'émouvant pas outre mesure les bâtisseurs des temps modernes, bon nombre d'édifices anciens ont disparu sous les coups de pelle. Ainsi, il paraît probable qu'une communauté d'hospitaliers et de templiers vécurent ici mais leurs traces ont totalement disparu ... Il ne reste, du dernier millénaire, que 3 chapelles, quelques fontaines et 14 croix disséminées dans les landes. N.D. de Citeaux de Penvern, voisine de celle de Saint-Uzec en Pleumeur-Bodou, est la plus récente de ces chapelles. Construite au 17ème siècle, elle fait suite à une devancière bien plus ancienne, fondée en 1300. La chapelle de Christ fut construite au 14ème siècle et remaniée au 18ème siècle. Celle de Bonne-Nouvelle date également du 14ème siècle et sa dernière restauration remonte à 1827. L'église de Trébeurden, édifiée au 19ème siècle au croisement de toutes les voies d'accès menant au bourg, est posée sur les fondations d'un édifice bien plus modeste dont l'origine remonte au 15ème siècle. Elle subit de nombreuses réparations jusqu'au 18ème siècle puis fut abandonnée et finalement rasée au profit de celle-ci.

Un raz de marée emportera un bon nombre d'habitations dans la nuit du 29 au 30 janvier 1836. Les dégâts toucheront un quartier d'une vingtaine de maisons où vivaient de nombreuses familles ne subsistant déjà que de petits métiers, aux revenus précaires. Les survivants abandonneront des lieux dont les pierres disparurent pour servir, ici et là, à d'autres constructions ...

Entretemps, la Révolution aura changé le paysage politique et la nouvelle république verra la population de Trébeurden élire sa première municipalité en 1790.

plage de Pors Mabo, Trébeurden

Elle prendra un essor considérable et renaîtra véritablement au début du 20ème siècle avec la vague des estivants aisés "découvrant" les côtes bretonnes. Dès 1887, le chemin de fer ne mettant plus la capitale qu'à 14 heures (!) de la petite ville préfigurait déjà une forme de renouveau ...

Il est vrai que cette cité bénéficie de 7 belles plages dont celle de Porz-Mabo, sur la baie de Lannion, qui a le privilège d'être exposée en plein midi.

La côte sauvage qui se déroule de part et d'autre de ces plages offre des balades où le chemin des douaniers vous fera faire une halte sur la presqu'île de la Pointe du Château, le Castel (nombreuses sont les pointes portant ce nom en Côtes d'Armor !) dont plusieurs rochers semblent se muer en animaux sculptés.

vue de la pointe de Bihit,Trébeurden

Poursuivez alors le sentier plus loin, sur les hauteurs des falaises de la Pointe de Bihit. Culminant à 88 mètres, ce promontoire dégage sur plus de 180 degrés un panorama superbe sur une mer d'un bleu profond hérissée d'îles et de rochers s'enfonçant loin vers le large. Cette perspective sur une région de toute beauté vous poussera sans doute à prolonger votre séjour. Les Roches Blanches, Toénot, Molène ou Milliau sont ses îles, protégées, qui constituent autant de bijoux sertis dans une eau dont la transparence vous appellera, sans doute, à vous laisser bercer sur ses flots ...


En face de la Pointe du Château, l'île Milliau vous invitera certainement à la rejoindre dès la marée basse, découvrant alors un sillon permettant de l'aborder.

plage de Tresmeur et île Milliau, Trebeurden

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