Plouha, pays des hautes falaises

De la pointe du Bec de Vir en Treveneuc jusqu'à la Pointe de la Tour enfermant l'anse de Brehec par l'Est vous découvrirez une succession de petites plages enserrées par de hautes falaises. 14 kilomètres de côtes dont la falaise la plus haute culmine à 104 mètres font de Plouha l'une des communes les plus attachantes du nord de la Bretagne !

falaises et plage du Palus en Plouha

C'est la plage du Palus, enfoncée dans une repli de la côte, qui sera votre première étape au "pays des falaises". Bordée de quelques hautes maisons, elle est l'aboutissement d'un vallon creusé par le Corzic, ruisseau prenant sa source à Goas Meur. Il a fait tourner jusqu'à 7 moulins à eau à l'époque où les meuniers tenaient le haut du pavé !


gorge de l'anse Cochat en Plouha

D'ici, en remontant parmi les buissons où le sentier a laissé par endroits des traces profondes, vous aboutirez à la première pointe : la Pointe de Plouha, la plus haute de Bretagne, culminant à 104 mètres.

Si elle offre un très beau point de vue sur la baie de Saint-Brieuc, découvrant la côte de Penthièvre jusqu'à Erquy, elle n'est qu'une étape qui vous mènera vers celle de Beg Hastel et la Pointe de la Tour, ses plus remarquables éperons


C'est à partir du 5ème siècle que ce village construit dans les terres a vu l'établissement d'une nouvelle population qui construira quelques hameaux le long d'une côte faite de falaises abruptes, mais aussi de vallons aboutissant à la mer, où pêche et agriculture faisaient bon ménage.

Plouha serait, selon la tradition, la première terre d'accueil des immigrés venus des îles d'Outre-Manche. L'un de ceux-ci, Aza ou Adda serait un moine à l'origine de son nom, remontant au 6ème ou 7ème siècle de l'ère dite chrétienne. Cette contrée fut toutefois occupée 1000 à 1500 ans plus tôt par quelques-uns de nos lointains ancêtres. Ils ont laissé derrière eux de rares traces de leur passage telle une stèle datant de l'âge du fer et des haches à douilles datant de l'âge du bronze. Il y eut probablement une occupation romaine mais rien n'en subsiste si ce n'est un nom ancien, donné à une cale : Moguer.

Les comtes de Goëlo seront les premiers seigneurs de Plouha, à partir du 12ème siècle. Les Rohan puis les Guéméné et enfin les Montbazon leur succèderont du 15ème au 18ème siècle.

C'est pendant cette période que seront érigés les fleurons de l'architecture plouharaise ... dont il ne reste plus que de rares vestiges.

L'ancienne église de Plouha était l'un de ceux-ci.

Elle disparut en 1870, servant de fondations à l'édifice actuel (terminé en 1872) sous l'impulsion mégalomaniaque de son desservant, le chanoine Perro. Construite du 12ème au 13ème siècle, il n'en reste plus que le porche, reconstitué dans le domaine de Keravel. Ce sinistre chanoine faillit même faire détruire la prestigieuse chapelle de Kermaria an Isquit pour satisfaire sa paranoïa !

Cette folie des grandeurs explique les dimensions importantes de l'église de Plouha ...

Le territoire de cette commune qui fut toujours essentiellement tournée vers les métiers de la terre a toutefois pu préserver un certain patrimoine, principalement religieux.

chapelle Saint-Samson en Plouha chapelle Saint-Jean en Plouha

Celui-ci se traduit par la présence de 7 chapelles dont la plus connue est celle de Kermaria an Isquit.


Notre Dame de Kérégal dont l'origine remonte au 16ème siècle, Sainte-Eugénie dominant l'anse de Padel depuis le 15ème siècle, Saint-Samson, Saint-Laurent et Saint-Jean datant de la même époque, la chapelle de la Trinité du début du 14ème siècle furent autant de haltes mystiques pour d'humbles habitants d'une bourgade qui dépendit longtemps de l'abbaye de Beauport.

chapelle de Kérégal en Plouha chapelle de la Trinité en Plouha

Lisandré, Kerlavarec, Kerdreuz, Kerhingant, Kernescop ou encore Kerhardy sont les quelques manoirs ou châteaux qu'occupaient une petite noblesse qui avait, selon la tradition, la réputation d'être "pauvre et obscure" ...

Quelques calvaires complètent ce patrimoine mystique, souvent proches d'anciennes fontaines et lavoirs.

L'histoire de Plouha a été jalonnée de quelques évènements marquants propres à la folie meurtrière de l'homme.

plage Bonaparte et Beg Hastel en Plouha

Il en est ainsi d'un évènement que connut la plage du Palus, d'où vous êtes venu. Le 4 mars 1795, elle fut un champ de bataille d'un combat meurtrier entre bleus et chouans, à l'instigation des nobles régnant sur la région et occupant le château du Ruello en Portrieux. Ces derniers voulaient empêcher la démolition du château, décretée par la Convention. Ce château servait de quartier général de résistance à la République, important armes et munitions d'Angleterre. Afin de protéger l'arrivée de navires anglais, les nobles mirent sur pied une troupe de 200 paysans qui vint de Saint-Quay Portrieux vers Plouha. Les anglais ratèrent le rendez-vous ... mais pas les républicains, prévenus et prêts à en découdre. Ce furent les paysans qui payèrent le prix d'une bataille à laquelle ils n'étaient pas préparés, ni en armes, ni en nombre suffisant : 64 d'entre eux y laissèrent la vie. Lorsque les navires anglais mouillèrent au large de Portrieux, deux semaines plus tard, plus personne ne les attendait ...

Quelques années plus tard, en février 1800, c'est une troupe de chouans de la région de Tréguier, dirigée par Taupin, l'ancien valet de chambre de ... l'évêque de Tréguier, qui vint, à son tour, faire couler le sang. Jusque là, il semble bien que les terres de Plouha furent souvent témoins de règlements de comptes.

Les côtes de Plouha paraissent bien paisibles maintenant, vous appellant vers d'autres émotions :


suite