Gwin-Zegal, Beg Hastel et Port Moguer en Plouha

N'ayant que peu d'affinités avec une existence maritime, les agriculteurs et autres habitants de Plouha ne furent jamais vraiment tentés par l'aventure du grand large. La pêche côtière sera le seul métier pratiqué sous ses hautes falaises. C'est sans doute pour cette raison que les installations permettant les métiers de la mer y ont toujours été réduites à la plus simple expression.

Port Moguer en Plouha

La cale de Port-Moguer sera le seul ouvrage permettant quelques échanges maritimes avec les ports voisins mais surtout un havre destiné au mouillage des quelques unités de pêche.

de Port Moguer en Plouha

Pour les mettre à l'abri, un ouvrage court mais massif sera construit vers 1840. Constitué d'un quai doublé d'une digue de granit rose, il protegera la petite flotille des vents d'ouest et des violentes tempêtes sévissant sur ses côtes.

Une jetée plus étroite s'en écarte vers l'est, se déversant plus loin entre les éboulis de rochers. Sans doute serez-vous tenté de la suivre ... Méfiez-vous en l'empruntant : la mer repoussant inexorablement ses limites grignote ici la falaise d'où, parfois, se détachent des pans entiers de rochers. Poursuivant inlassablement son travail de sape, elle a creusé une grotte devenue au cours des années un abri pour certains oiseaux nicheurs. Dès les beaux jours venus, le vol incessant des hirondelles piaillantes se mêle alors au bruit du ressac. La sauvagerie de l'endroit, fascinante, risque de vous faire oublier que la mer monte et qu'en reprenant son domaine, elle vous coincera contre la falaise : revenez sur vos pas sans tarder dès qu'elle lèchera les premiers cailloux !

Gwin Zegal ou Le Palus ou encore Bonaparte, offrent à chaque détour du sentier des douaniers une vision nouvelle de la plus longue et la plus haute muraille granitique du Nord de la Bretagne.

Un littoral jalousement protégé par ses habitants permet d'en préserver toute la beauté sauvage. Celle-ci exerce une lente fascination se poursuivant jusqu'au coucher du soleil.

Gwin Zegal en Plouha

Gwin Zegal, port insolite, est sans doute, sur les côtes du Nord de l'Europe, le dernier représentant d'un type de mouillage très particulier.

Son origine remonte au 5ème siècle.

Des troncs d'arbres de 8 à 10 mètres de hauteur, plantés dans le sable avec leurs racines, entourés de pierres à leur base pour les ancrer davantage, s'y transforment en pieux très robustes permettant aux embarcations de se fixer.

Plouha fut une terre seigneuriale ayant droit de haute et basse justice qui se tenait en la chapelle de Kermaria-an-Iskuit.

Ses côtes découpées et les nombreuses criques et grottes qui les bordent en firent un lieu de prédilection pour les contrebandiers en tout genre. Le chemin des douaniers porte bien son nom : il ne servait pas seulement aux rondes de ces derniers mais était entrecoupés en beaucoup d'endroits d'abris ou postes d'observation communément appelés "cabanes de douaniers". Il en reste encore en certains endroits mais la plupart ont été dépouillées, petit-à-petit, pour la construction de maisons d'habitations.

Beg Hastel en Plouha

Les ruines que vous pourrez peut-être dénicher, enfouies sous les buissons de Beg Hastel, la Pointe du Château, désormais oubliées, n'ont aucun rapport avec cette activité. Il s'agit des vestiges d'un ancien corps de batterie édifié là afin de protéger le mouillage "Pierre à la Mauve", aujourd'hui abandonné. Prolongée par le rocher du "Pommier", la Pointe de Beg Hastel ne faisait qu'une lors des basses mers, il y a bien longtemps, avec l'île de La Mauve.


Cette dernière, désormais plus au large, est devenue un sanctuaire pour les oiseaux. Goélands, sternes, mouettes, cormorans et parfois huitriers-pie y nidifient au printemps, dans un brouhaha de piaillements parvenant jusqu'à la côte.

Manoirs et gentilhommières parsemaient le territoire de Plouha à l'époque des Croisades et les seigneurs du lieu firent plusieurs campagnes en terre dite sainte ... Il est une de ces demeures, pourtant peu ancienne, dont les abords méritent le détour : Keravel.

Pointe de la Tour en Plouha

Au delà de Beg Hastel, le chemin des douaniers vous appelle vers l'ouest. Serpentant dans la lande sauvage où genêts, fougères et autres arbustes seront parfois plus grands que vous, il va vous mener face à l'anse Cochat que borde la plage Bonaparte. Celle-ci est connue pour des faits de guerre, une fois de plus. A cet endroit, il existe une curiosité rare sur les côtes d'Armorique : la falaise y a été creusée entre terre et mer et un tunnel a été aménagé afin d'en faciliter le passage. En surplomb, une petite maison surnommée "la maison de l'anse Cochat" surprend par sa présence.

Construite au début du 20ème siècle, cette modeste bâtisse a été acquise en 2004 par le Conservatoire du littoral afin d'y créer un petit musée.

Plus loin, la Pointe de la Tour vous attend. Peut-être y passerez-vous sous un porche dont la présence peut paraître insolite. Entourée de quelques vestiges de murs et deux piliers d'une ancienne voie carrossable, elle est pratiquement le seul témoin encore debout de ce que fut la tour Couffon. Plus avant, au détour de la Pointe, le territoire de Plouézec se dévoilera, tout au bout de la grève. Pour y parvenir, vous descendrez le chemin menant à la plage du Vieux Bréhec mais devrez vous en écarter sur quelques centaines de mètres : ici aussi, la mer étend son domaine en creusant la falaise ...


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