Pordic

plage des Rosaires de Pordic

Caméré est derrière vous mais vous ne vous en serez pas aperçu : son nom a disparu et s'est fondu dans le prolongement de ce qui est devenu Tournemine. Seuls quelques anciens, sans doute, se souviennent de cette grève qui, lorsqu'ils étaient enfants, était bien souvent leur terrain de rencontre et de jeux. La marée basse y amenait les coquilles Saint-Jacques que les tempêtes avaient échouées sur la côte et les jeunes filles y récoltaient un coquillage que vous ne trouverez plus : l'orican. D'une finesse extrême et délicatement nacré, il était vendu pour créer des fleurs artificielles.

Tournemine était auparavant partie du territoire de Pordic : la plage s'est fondue petit à petit dans le prolongement de celle des Rosaires puis s'est intégrée à Plérin.

Après avoir longé cette longue bande de sable, rendez-vous des briochins en quête de bains de mer, vous gravirez la falaise pour découvrir le littoral de Pordic. Derrière vous les bruits de la ville et de ses faubourgs se sont estompés. Ici, les côtes sauvages reprennent leurs droits, se découpant en arêtes adoucies par une végétation descendant jusqu'au bord de l'eau.

Après la Pointe de la Béchue, à peine marquée sous son manteau vert, vous aboutirez sur les hauteurs de la plage Barillet

Couverte de galets et de sable, elle naît au pied d'un vallon y descendant par un sentier d'une raideur extrême.

plage Barillet à Pordic

Par certains aspects, les abords du chemin des douaniers rappellent une douce vallée, celle de la Rance maritime. Les herbes folles, les fleurs, les buissons touffus où se mêlent fougères, genêts, ajoncs et ronces, les prunelliers formant par endroits des voûtes sous lesquelles l'ombre est la bienvenue, paraissent en effet transporter le visiteur en bord de Rance ...
    La densité de la végétation abritant le sentier des vents d'où qu'ils viennent font que le soleil y est particulièrement écrasant, assommant le randonneur s'y aventurant lorsque l'astre du jour est au zénith ! Le corollaire en est une abondance peu commune d'insectes lorsque le temps est lourd et humide.

"Petit port", "Porz Ic" en vieux breton, serait à l'origine du nom de Pordic. Il n'atteindra toutefois jamais l'importance de ses voisins et aucune réelle installation portuaire n'y vit jamais le jour. Elevée au rang de paroisse en 1229, cette commune dépendait de l'abbaye de Beauport qui y fit ériger un prieuré. Bien avant cette époque, ce village ignoré des touristes ne le fut pas d'autres visiteurs : si l'habitat n'y fut guère important, il reste toutefois les vestiges de passage bien plus ancien. Des occupants gallo-romains y laissèrent quelques traces : les restes désormais perdus de ce qui aurait pu être une villa, sur la Pointe de l'Ermot. Cette dernière et le petit port qu'elle domine, ont disparu, eux aussi, de la mémoire et des cartes. L'une est désormais devenue tout simplement "la" Pointe et l'autre ne s'appelle plus "port de l'Ermot" mais "Petit Havre". Au début du 18ème siècle, grâce à l'installation d'une jetée, il permettra le mouillage d'une douzaine de petits bateaux de pêche et c'est pourquoi, sans doute, il prendra son nom actuel.

Petit Havre à Pordic

Plus tard, la situation favorable de Pordic à près de 80 mètres au dessus du niveau de l'eau et dont les terres étaient parcourues de ruisseaux lui permettra d'acquérir une certaine importance : pas moins de huit moulins y furent construits, à eau ou à vent !

Ses campagnes resteront néanmoins peu habitées mais abritent toutefois quelques édifices anciens : huit manoirs (autant que de moulins ...) dont la construction s'échelonne du 15ème au 19ème siècle et deux chapelles dont celle du Vaudic qui vit sa première pierre scellée en 1387.

L'accès à la mer sera assuré à la plage du Petit Havre et sa cale, abritée par les langues de roches schisteuses qui l'entourent, lui permettront de faire vivoter quelques rares pêcheurs. Couverte de galets mêlés au sable (ci-dessus) la plage est désormais essentiellement fréquentée par des adeptes d'Eole.

Pointe de Pordic

La hauteur des falaises de Pordic la désignera comme point stratégique et un corps de garde y sera construit dès le 13ème siècle. Ruiné, il sera reconstruit et se verra prolongé par un four à boulets en 1793. Plus bas, dans la roche faisant face à la mer, deux canons seront installés afin de compléter la défense d'un village qui ne sera finalement jamais attaqué car trop bien protégé ...

Il ne reste presque rien de cette épopée : quelques pierres écroulées qui formaient la base des murs et dont l'importance est allée en diminuant au cours des ans ... Bon nombre d'entre elles ont servi à des constructions plus pacifiques ...


C'est ici, sur la Pointe de Pordic que vous en trouverez les vestiges. C'est ici aussi que vous pourrez surplomber une mer émeraude où la vue porte du Cap Frehel aux limites du port de Saint-Quay. Ces paysages ont sans doute également ému nos lointains ancêtres celtes puisqu'ils y vécurent, il y a bien longtemps : le menhir de Saint-Gilles en atteste encore ...

Prêt à poursuivre votre découverte des beaux pays de la région ? Prenez alors la direction de l'Ouest en longeant la falaise : quelques centaines de mètres plus loin, le sentier jusque là le plus souvent bordé d'une végétation intense serpentera alors entre des massifs de bruyères et d'ajoncs nains menant à Binic. En vous dirigeant vers Vau Madec, à l'horizon lointain, le mirage d'une immense plage sera en réalité le reflet de la blancheur des maisons de Saint-Quay miroitant sous le soleil d'Armorique. La descente s'amorcera alors sur une arête rocheuse, le "grand tcheuille", qui découvrira enfin l'anse de la "cité des embruns".


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