Trédarzec

Sur le chemin qui vous fera remonter les rives du Jaudy, après avoir enjambé le ruisseau dévalant la colline de Pont Begou, vous longerez une haie sauvage s'ouvrant plus loin sur une aire dégagée au centre de laquelle trône un petit édifice.

chapelle Saint-Votrom, Tredarzec

Restaurée avec minutie, paraissant presque neuve tant ses fidèles l'ont bichonnée pour la faire revivre, la chapelle Saint-Votrom domine les champs bordant la rive droite de l'estuaire du Jaudy.

calvaire Saint-Votrom, Tredarzec

Elle fut construite au 16ème siècle, peut-être sur les ruines d'un ancien lieu de dévotion dont l'origine remonterait probablement au tout début de l'édification des premiers lieux de culte de ce genre. Une première restauration eut lieu au 19ème siècle, son aspect actuel étant le résultat d'une mise en valeur achevée en 1997.

Votrom était un guérisseur connu bien avant la christianisation du pays et fut tout naturellement vénéré au même titre que ses commensaux à l'avènement de celle-ci. En retrait de ce petit édifice, un très ancien calvaire, sans doute rapporté, dont la stèle carrée creusée de 4 niches est surmonté d'une croix beaucoup plus récente paraît telle une sentinelle surveillant les lieux. Une seule de ses niches contient encore une statuette dont l'origine est inconnue.

église de Tredarzec église et calvaire de Tredarzec

Cette chapelle est une des rares constructions religieuses dont Trédarzec s'enorgueillit.

Une église (reconstruite de 1837 à 1838 sur les fondations de sa devancière) et 3 autres chapelles construites du 14ème au 18ème siècle constituent le patrimoine dit sacré du village. Toutes situées en retrait dans les terres, elles vous obligeront à quitter, pour un moment, le chemin des douaniers pour les admirer.

Trédarzec fut occupée, au début de notre ère, par quelques familles gallo-romaines qui laissèrent derrière elles de rares vestiges aujourd'hui effacés.

Des templiers y vécurent également et des hospitaliers de Saint-Jean de Jerusalem créeront une léproserie au village de Cosquer, là-même où les ruines gallo-romaines furent exhumées. Déjà mentionnée comme paroisse à part entière en 1330, elle deviendra commune indépendante en 1790.

Passage obligé pour traverser la presqu'île "du Bout du Monde" de Lézardrieux vers Tréguier, Trédarzec n'en acquit pas pour autant une importance déterminante pouvant influencer son développement. Ses terres fertiles en feront un vaste territoire agricole et 7 moulins y seront construits au cours de son histoire.

moulin de Carpont, Tredarzec

Il en est ainsi du moulin de Carpont, niché dans un repli de la rivière, qui faisait tourner sa roue à aubes au gré des marées. Il s'agit, en effet, d'un des rares moulins à marée existant encore dans la vallée. Il a toutefois perdu son usage d'antan et la digue qui retenait les eaux pour en faire activer l'appareillage à marée descendante s'est irrémédiablement écroulée au cours des ans.

Restauré en habitation, il s'est refermé dans l'intimité d'un usage désormais privé.

Non loin de là, sur les hauteurs où vous mènera le chemin de randonnée car les rives du Jaudy deviendront impraticables, un des 9 châteaux ou manoirs de Trédarzec s'est caché dans une végétation devenue dense à partir du 20ème siècle : le château du Verger, plus connu sous le vocable de Kerdalo.

pigeonnier de Kerdalo

Construit à partir de la fin du 16ème siècle, ouvert aux visiteurs pour en admirer les jardins, il recèle également un ancien colombier du 17ème siècle. Ce dernier a la particularité d'être surmonté d'une toiture circulaire en escalier de granit, elle-même coiffée d'une tourelle à piliers qui permettait la circulation des volatiles qu'il abritait. Enfermé dans l'enceinte de ce vaste domaine, il trône, presqu'à l'abri du regard, sur une pelouse entourée d'arbres d'essences variées. Vous le verrez, sans doute, lorsque vous passerez devant l'une des entrées monumentales de Kerdalo. Peut-être verrez-vous aussi, si la curiosité vous y pousse, Carpont, manoir dont les premières pierres seront scellées au 15ème siècle et qui se verra modifier et agrandir au 18ème et 19ème siècle. Non loin d'ici, le manoir du Vot fut construit au 16ème siècle et le château de Kerhir verra ses murs se dresser à partir du 16ème siècle sur les ruines d'une demeure plus ancienne dont il aura conservé certains colombages, les tourelles et les cheminées. Ils étaient les demeures des seigneurs ayant droit de basse et moyenne justice qu'ils rendaient à la cour de Tréguier.

Trédarzec n'échappe pas à l'antique tradition de l'Armorique : celle des légendes parcourant les landes d'un pays au mysticisme profondément ancré. Il existait, au lieu-dit Porz Bihan, un oratoire dédié à Saint-Yves de Vérité, construit sur l'ossuaire d'une chapelle dite du Saint-Sacrement. Edifié au début du 17ème siècle, il servira de lieu d'invocation du Saint vengeur afin de se débarrasser de l'ennemi de celui qui emettra des supplications. La pratique rituelle provoquait la mort de celui qui était visé dans l'année qui suivait ... Il en fut ainsi pendant près de trois cents ans. Un abbé du nom de Kerleau voulant mettre fin à cette hérésie fit détruire la chapelle ... et mourut dans l'année qui suivit. L'oratoire sera détruit, à son tour, en 1879, et la statue du "saint" brûlée par des religieuses de Tréguier, en l'an 1907.

Oubliez maintenant cette histoire tragique : il vous faut traverser le pont enjambant le Jaudy pour visiter le pays d'un autre Saint-Yves, plus pacifique et davantage voué à son prochain, celui de Minihy.


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